L’histoire de l’ancien cimetière de l’hôpital de Navarre, aussi appelé « le champ du repos »
Appelé parfois cimetière « des indigents » ou « cimetière des fous » par la population, l’ancien cimetière de l’hôpital de Navarre est situé à proximité de l’hôpital psychiatrique de Navarre à Évreux. Pendant plus d’un siècle les patients et certains personnels de l’hôpital y étaient inhumés et ce, jusqu’en 1976. En 1994, la ville d’Évreux a réalisé les démarches nécessaires à la fermeture du cimetière. 70 familles avaient alors souhaité que leur proche qui y était inhumé soit exhumé et ré-inhumé dans une sépulture familiale.
Le site de cet ancien cimetière est aujourd’hui impacté par le projet de déviation sud-ouest d’Évreux, projet d’infrastructure routière qui permettra le contournement de l’agglomération ébroïcienne par la route nationale 13. Le projet prévoit que la future route passe au droit du cimetière, en fort remblai sur cette portion. Cela signifie que l’ancien cimetière devra être recouvert de terre, ce qui surélèvera le terrain.
Les services de l’État se sont mobilisés depuis 2021 pour étudier les solutions les plus satisfaisantes au regard du respect des défunts inhumés dans cet ancien cimetière, de leurs familles, dans le cadre du droit funéraire en vigueur et des enjeux du site.
Lors de la conférence de presse du 19 septembre 2023, Monsieur le Préfet de l’Eure a annoncé deux opérations distinctes. La première consiste en la réalisation des fouilles archéologiques pilotées par la direction régionale des affaires culturelles de Normandie (DRAC), afin de tirer les enseignements des pratiques funéraires d’un hôpital psychiatrique des XIXème et XXème siècle, l’étude portant sur 150 à 200 sépultures. La seconde consiste en l’exhumation des défunts dont les sépultures existent encore à ce jour et n’étant pas objet des fouilles archéologiques précitées.
Au cours des mois d’octobre et novembre 2023, une information publique a été portée par la ville d’Evreux afin d’inviter les personnes ayant un proche inhumé sur ce site à se faire connaître et à faire part de leur souhait éventuel concernant le devenir de leur proche. Les informations recueillies dans le cadre de cette information seront prises en compte dans les opérations présentées ci-dessus.
Après une période d’appropriation et de préparation, la société EVEHA débutera l’opération de fouilles archéologiques sur site à compter du 22 février 2024. Cette opération, portant sur 150 à 200 sépultures, se déroulera jusqu’à la fin de l’été 2024.
Au printemps 2024, une opération d’exhumation des défunts dont la sépulture ne fera pas l’objet de ces fouilles archéologiques débutera. Les archéologues seront encore présents en accompagnement d’un opérateur funéraire pour effectuer des observations minimales de ces défunts et des sépultures. Les exhumations sont effectuées en vue de réunir les défunts dans un puits du souvenir qui leur sera dédié au sein de l’actuel cimetière de Navarre, à côté d’une stèle commémorative, rappelant le nom de l’ensemble des défunts inhumés dans le cimetière.
Présentation de l’opération archéologique
À l’emplacement de l’ancien cimetière de l’hôpital de Navarre, des fouilles archéologiques vont être menées afin d’étudier des sépultures récentes avant leur crémation et leur dispersion dans l’actuel cimetière de Navarre.
Pour cela, les archéologues et anthropologues d’Éveha débuteront les travaux par un décapage mécanique des niveaux sédimentaires supérieurs, avant d’intervenir manuellement. Ils utiliseront des techniques minutieuses pour exhumer les sépultures avec respect et préserver les artefacts qui y sont associés. Chaque découverte sera alors documentée avec soin (relevés graphiques, photographiques et topographiques) et les vestiges anthropobiologiques seront traités avec respect et dignité.
Ces observations permettront ainsi de reconstituer l’histoire et la culture des personnes qui reposent en ces lieux. En effet, les sépultures récentes peuvent révéler des informations précieuses sur les pratiques funéraires, les croyances religieuses et les rituels de deuil d’une époque donnée. Les objets funéraires retrouvés, aident à mieux comprendre la vie quotidienne et les valeurs de ces communautés passées. Cette opération révélera également d’un intérêt médical majeur, en permettant de comparer les observations médicales faites du vivant des patients avec les impacts observés sur leurs squelettes. Cette comparaison offre des perspectives précieuses pour comprendre l’évolution des conditions de santé et des maladies des patients au fil du temps. Cette recherche médicale basée sur les sépultures récentes peut également contribuer à l’avancement des connaissances plus globales en matière de médecine et de santé publique. En comparant les données médicales historiques avec les connaissances actuelles, il sera ainsi possible de mieux comprendre l’évolution des maladies, des traitements et des facteurs de risque au fil du temps. Enfin, cette archéologie funéraire des personnes décédées relativement récemment apportera des informations en matière de taphonomie (évolution des restes après leur dépôt dans le sol) très utiles pour les études et expertises en criminalistique et forensique.
La fouille de sépultures récentes soulève également des questions éthiques et émotionnelles. Il est important de respecter la dignité des défunts et de travailler en étroite collaboration avec les communautés locales pour garantir que ces fouilles soient menées de manière respectueuse et responsable.
Au final, ce type d’opération permet de préserver et de partager le patrimoine culturel commun. Elle rappelle l’importance de comprendre et de respecter nos ancêtres, tout en offrant un aperçu précieux de notre propre histoire et de notre identité en tant qu’êtres humains.
Pour plus de précisions, veuillez consulter le lien suivant : https://www.eure.gouv.fr/Actualites/Espace-medias/Dossiers-et-communiques-de-presse/2024/Fevrier/Point-sur-les-travaux-de-l-ancien-cimetiere-de-l-hopital-de-Navarre